NOVA

Hana no Breath, ta première série parue aux Éditions H2T, était ancrée dans le réel alors que Nova est un récit de science-fiction. Pourquoi ce changement ? À ton avis, que peut apporter la science-fiction au traitement des thématiques de société que tu aimes aborder ?

Pour écrire mes histoires, je ne me limite pas à un genre particulier, j’aime imaginer des tranches de vie dans le réel, des intrigues de science-fiction ou encore des aventures fantastiques. J’ai des histoires en tête qui se rapprochent plus de Hana, mais en tant que jeune auteur, je préférais m’exercer dans une diversité de narration, plutôt que me retrouver catégorisée dans un seul genre d’histoire.

A mon avis, la science-fiction permet une souplesse scénaristique, on n’a pas la nécessité de coller 100 % au réel, ce qui permet d’effectuer un détachement par rapport aux comportements des personnages et aux situations.

Dans Nova, la science-fiction est proche du réel mais l’intervention d’une entité extraterrestre permet un questionnement sur la place de l’être humain dans l’univers, la notion d’humanité et sur la nécessité de parfois remettre en question nos certitudes pour mieux comprendre le monde.

Dans Hana no Breath, les deux personnages principaux étaient des adolescents, pourquoi cette période de la vie te paraît-elle importante à aborder en manga ?

Une grande partie de mes scénari ont commencé à germer dans ma tête à l’adolescence, c’est pourquoi la plupart des personnages ont l’âge que j’avais à l’époque. De plus l’adolescence est une période de la vie où l’on n’est pas encore « défini » : on se pose des questions sur qui l’on est, sur la place que l’on pourra trouver dans la société, sur ce que l’on veut devenir... On quitte le relatif confort de l’enfance, de la famille pour être confronté au monde. Mais il y a aussi le contraste entre le début de l’adolescence (l’âge de Rease) et la fin de cette période, où la société nous considère comme des adultes mais la fragilité et les doutes de l’adolescence subsistent encore

pour certains (l’âge de Nova). Pour la petite anecdote, quand j’ai crée le personnage de Nova, j’étais plus jeune qu’elle et maintenant elle est plus jeune que moi, c’est très étrange...

Tu aimes particulièrement dessiner des duos de personnages principaux, saurais-tu nous expliquer pourquoi ?

Je n’avais jamais fait attention à cela, mais en y réfléchissant, c’est vrai que même pour des illustrations, je préfère dessiner deux personnages ensemble plutôt qu’un seul. Cela permet de montrer une interaction entre les deux, que ce soit une dualité ou une complicité… Avoir deux personnages permet de souligner les forces et les faiblesses de l’un et l’autre par contraste. Et en même temps le duo Nova/Rease fonctionne comme un seul personnage principal qui apporte deux points de vue à la même histoire.

Dans Nova, Rease a deux mamans, pour toi, est-ce important de raconter des histoires qui ne soient pas hétérocentrées ?

La famille de Rease fait partie des éléments de l’histoire qui ancre la science-fiction dans le réel. Puisqu’il s’agit d’un récit contemporain, je dessine simplement le monde comme je le perçois et le monde réel n’est pas hétérocentré.

Pour toi, quelles sont les principales différences et similitudes entre tes séries Hana no Breath et Nova ?

Le point commun de la plupart de mes histoires est ma volonté de créer des personnages attachants, sensibles et humains aux travers desquels je transmets des émotions et je raconte l’histoire.

La principale différence avec Hana, c’est que Nova est traité de façon plus « sombre » : au niveau de l’histoire, sur certaines thématiques, également dans les dessins où j’ai utilisé davantage le contraste noir et blanc. J’ai voulu développer une ambiance parfois sombre et parfois plus lumineuse comme le soleil qui perce au travers d’épais nuages gris.

Un message spécial à faire passer à tes lecteurs concernant Nova ?

J’espère que Rease et Nova sauront vous transporter dans leur histoire, tout comme l’ont fait Gwen et Azami.